Les faucons poussent Kabila à la faute

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Kaninda Wa Kaninda
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Les faucons poussent Kabila à la faute

Message par Kaninda Wa Kaninda »

Révision constitutionnelle

Les faucons de la Majorité présidentielle (MP) rivalisent d’ardeur et de génie pour offrir à leur leader l’opportunité de rempiler malgré les restrictions constitutionnelles. Leur trouvaille, un vrai coup de force en perspective, consiste à modifier le mode de scrutin présidentiel. Dès lors, l’article 220 est vite contourné et la CENI obligée de remettre ses compteurs à zéro. Il n’y a pas mieux pour pousser Joseph Kabila à la faute.



L’échéance de 2016 hante toujours les esprits. Et au sein de la MP, l’on s’agite pour contourner le verrou de l’article 220 de la Constitution qui limite strictement le mandat du président de la République. Des schémas, même les plus fous, sont en étude dans les laboratoires de la Majorité au pouvoir pour repousser l’échéance de 2016.

Rusés, les stratèges de la MP ont imaginé un « truc » du diable. Celui-ci consiste, non plus à toucher à l’article 220, mais plutôt à remodeler le régime politique. Le président de la République, qui aura désormais un vice-président, serait donc élu au suffrage indirect au niveau du Parlement. Ce serait le point de départ de la 4ème République.

Dans cette perspective, on ferait table rase de tout l’héritage constitutionnel de la 3ème République. Le mandat présidentiel passerait de cinq à sept ans. Plus expéditif dans sa démarche, le schéma propose d’avancer le scrutin présidentiel indirect en 2015. De cette manière, tout le monde est pris de court, qu’il s’agisse du peuple congolais ou des partenaires extérieurs de la RDC.

Selon les auteurs du coup fourré que l’on tente d’administrer au processus démocratique en RDC, Joseph Kabila devrait être automatiquement candidat, pour autant que l’on se trouverait dans une autre architecture institutionnelle, totalement déconnectée de celle qui a prévalu pendant la 3ème République. Ainsi, les deux mandats du président Kabila seraient jetés dans les oubliettes.

On ne le dira jamais assez, les tenants de cette thèse suicidaire voudraient balayer tous les acquis de la 3ème République. Dans leur 4ème République, qu’ils entendent créer de toutes pièces, tout le monde, y compris le chef de l’Etat, serait logé à la même enseigne.

Que restera-t-il de l’article 220 qui verrouille le mandat présidentiel ? Rien du tout. Du coup, sa révision tomberait caduque.

Concoctée par des soi-disant « génies » de la famille politique du chef de l’Etat, cette trouvaille figurerait en bonne place dans les discussions que ce dernier, aura, sauf changement de dernière minute, avec les parlementaires de la MP ce mercredi 19 mars 2014 dans sa ferme de Kingakati. Si la pilule passe, à l’occasion, les députés et sénateurs de la MP pourraient l’aligner au cours de la session parlementaire en cours. Ce que le président du groupe parlementaire avait quasiment prophétisé en déclarant que « le président Kabila n’était pas prêt à partir »

Toutefois, la partie n’est pas gagnée d’avance pour cette aile dure de la MP formée de faucons et autres caciques prêts à tout pour démystifier l’échéance de 2016. A première vue, le chemin paraît irréaliste. Selon RFI, qui en a fait largement écho dans ses éditions d’hier lundi, le schéma ne ferait déjà pas unanimité au sein de la famille politique présidentielle. Nombreux sont ceux qui sont favorables au respect par le président Kabila de la Constitution. C’est la démocratie qui en sortirait gagnant, pensent-ils.

Joseph Kabila mordra-t-il à l’hameçon ? Que gagnerait-il en adhérant à pareille thèse ? Difficile à dire pour l’instant. Le débat promet d’être houleux, en attendant que le chef de l’Etat ne tranche en dernier lieu. A tout prendre, d’aucuns notent que ce schéma est lourd de conséquences aussi bien pour le président de la République que pour la nation elle-même. Joseph Kabila, selon ces derniers, serait piégé par des guerres des clans autour de lui.

Mauvais exemples

Les « surdoués » de la MP semblent avoir puisé leur inspiration en Afrique du Sud et en Angola, pays africains qui ont eu à expérimenter et à appliquer le système d’une élection présidentielle à suffrage indirect au niveau du Parlement. Quant aux révisions constantes de la Constitution, ils se sont référés au Burkina Faso. Quand les mauvais exemples nous hantent !

Dans les cercles des analystes politiques, l’on craint que ce schéma ne fasse chavirer la jeune démocratique qui en subirait, prédisent-ils, un coup dur. Ils invoquent, à ce propos, ce qui a prévalu en 1990 lorsque l’ex-président Mobutu, pressé par le vent de la perestroïka, décide d’ouvrir la RDC, alors Zaïre, à la démocratie.

En toute sincérité, Mobutu se décida de prendre congé du MPR, le Parti-Etat. Il va se rétracter très vite, après avoir été poussé par les faucons du régime à renier totalement tous les engagements pris la veille. Ce sera le début d’une grave crise constitutionnelle qui va précipiter le pays dans l’abîme, et ce, jusqu’à sa chute brutale le 17 mai 1997, à la suite de l’action militaire menée par l’AFDL.

Mobutu avait feint d’oublier la roue de l’histoire qui ne pardonne pas à ceux qui lui résiste. Elle a fini par l’écraser, malgré ses 32 ans passés au pouvoir. C’est à Tanger, au Maroc, que Mobutu est allé mourir, seul, loin de ceux qui l’avaient entêté à conserver par tous les moyens le pouvoir.

Tirer les leçons du passé

L’histoire risque de se répéter. On pousse Joseph Kabila à la faute, en sapant tout ce qu’il a fait pour la RDC. Sans fausse modestie, c’est avec Joseph Kabila que la RDC a retrouvé son unité au terme du dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud. C’est aussi avec lui que la RDC a renoué véritablement avec la démocratie avec l’organisation de premières élections libres et transparentes en 2006.

Comment ne pas reconnaître tous les mérites de Joseph Kabila lui qui a accepté de cohabiter, sous la formule « 1+4 » avec ses adversaires, avant de mettre son pouvoir en jeu par la voie des élections en 2006 puis en 2011. Joseph Kabila a prouvé son sens élevé de démocrate. Son nom est à jamais inscrit en lettres d’or dans une RDC qui se veut véritablement démocratique.

Malheureusement, ce sont tous ces mérites que l’on voudrait sacrifier sur l’autel des intérêts égoïstes et partisans. Les mêmes erreurs qu’on a fait commettre en son temps à Mobutu, on voudrait les rééditer avec Kabila. Curieusement, ce sont toujours les mêmes personnes qui se présentaient hier en mobutistes invétérés qui veulent pousser Kabila à l’erreur. Comme avec Mobutu, ils lui tourneront certainement le dos, si jamais leur schéma échouait.

Il appartient au président de la République de tirer les leçons du passé récent de la RDC. Rien ne sert de courir, il faut partir à temps, prédit le fabuliste. Le chef de l’Etat devait s’abstenir de céder à des chantages de tous ordres. Seul devait prévaloir l’intérêt supérieur de la nation.


Source: http://www.lepotentielonline.com/index. ... Itemid=472
Kaninda Wa Kaninda
guykaninda@yahoo.fr
Combattant UDPS/FRANCE
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